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ALORS JE ME TAIS

C’est que je n’ai jamais grand chose à dire. Alors je me tais.[1]

Sur les écrans tactiles miroitent les vies au royaume du superficiel. Profusion de couleurs, de formes. Images du bonheur retouché ; culte de l’instantané consommable et balancé à tout venant.


Dans la pseudo intimité d’une chambre douillette, un rêveur se calfeutre et se dissimule derrière les parois d’un écran muet qui fait écran aux regards à l’abri desquels s’offre son autre soi étale et faussement vrai.

Soudain le silence.

Je tus il. Nous voue ils aux calendes grecques.

Soudain le contre-courant.

À la croisée des mots se tient le rêveur en habit de lumière ainsi qu’une épigramme éthérée.


- Qui es-tu, dit le Verbe à ce rêveur marginal qui trépigne d’impatience ?


- Je suis une chimère qui se nourrit de sons et de lettres.

Je suis le prologue qui n’a pas été écrit. Ni dit. Mais qui se perpétue tel un mythe antique.


- Qu’attends-tu de moi en ce lieu déserté où nulle âme ne s’arrête ?

Pourquoi persistes-tu à tremper ta plume dans l’asphalte des mots ?


- Je cherche à puiser la moelle des mots qui du quotidien, créent l’émotion.

Je voudrais m’abreuver à la source du Beau et remonter le temps, d’avant les claviers. Et d’avant les écrans ?

Et faire de l’enfance un dit qui jamais n’atteint l’épilogue.


- Ne sais-tu pas que tu cherches une chimère ? Ne sais-tu pas qu’en fuyant les frontières du virtuel tu n’es qu’une frêle étincelle vouée à demeurer dans l’ombre, ternie par les pixels de leurs écrans ?


Soudain le silence…

[1] Albert Camus



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