Moi c’était Monica ma préférée. Certainement une des plus jolies et pétillantes jeunes actrices de sa génération. Et puis, il n’y avait qu’elle pour apporter autant de fraicheur et de légèreté au personnage le plus névrosé de la série. L’autre soir, ma fille de 21 ans m’a envoyé un message : « Allume la télé, y’a le retour de Friends ».
J’aime bien l’idée de partager avec ma cadette une grande affection pour cette série qu’elle a dû regarder sur Netflix presque à l’âge où je la découvrais à la télévision.
Elle, elle a toujours aimé Joey. Nous avons en commun le même agacement envers Rachel.
J’ai regardé. L’émission était nulle, la version française atroce.
Ça m’a rendu triste de voir les acteurs aujourd’hui. Ces « amis » qui étaient presque des copains pendant des années et qui incarnaient la joie de vivre et l’insouciance ne sont plus vivants. Ma si jolie Monica ressemble à un zombie.
Ce n’est pas de les avoir vu vieillir qui m’a attristée. C’est de les voir essayer de ne pas vieillir. Ces quinquagénaires aux traits tirés, figés derrière des masques de cires, ces nez tous pareils, ces pommettes gonflées, ces yeux écarquillés sans expression. On a bitché un peu avec ma fille, par SMS. (On ne porte pas un costume mauve satiné quand on a pris 40 kilos)
Et puis, les jours suivants, j’ai eu envie de voir des « vrais amis ». Des gens avec un peu de bourrelets, des rides au coins des yeux et ailleurs, un début de couperose ou quelques taches brunes. Des femmes qui, à force de froncer les sourcils quand elles réfléchissent ont gardé deux rides verticales sur le front. (Ce qui est amusant c’est l’air sérieux que ça leur donne, alors qu’on sait bien qu’à l’intérieur, elles ont encore 16 ans).
Des hommes qui ont un double menton et qui le cachent avec un début de barbe, qui rentrent parfois un peu le ventre quand ils croisent leur reflet dans le miroir, juste pour voir ce que ça donnerait s’ils faisaient des abdos et qui ensuite étalent joyeusement leur petit bide en terrasse, pour boire un demi. Et puis, d’autres, plus sportifs, encore plutôt bien gaulés mais totalement chauves. Des femmes dont la silhouette ne s’est jamais remise des grossesses, qui préfèrent désormais les tenues « pas trop près du corps », mais qui ont gardé ce regard clair et limpide de jeune valkyrie qui vous foudroie sur place.
Des gens dont le visage reste un paysage changeant, sur lequel on peut lire la fatigue, l’émotion, l’incrédulité, la joie. Des gens dont les traits bougent et se déforment joliment, lorsqu’ils éclatent de rire.
Des vrais gens.
Mieux que beaux. Vivants.
Mieux que "encore jeunes". Touchants.
Des amis. Pas des « Friends ».
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