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Photo du rédacteurMONA AZZAM

Lire Camus aujourd'hui, me semble être une nécessité.

Moi, je me suis toujours refusé à l’idée de mourir

informe… sinon informe, il faudra mourir obscur

en soi-même, dispersé - non pas serré comme la gerbe

d’épis mûrs- mais délié et les grains répandus.

À moins du miracle, et que le nouvel homme naisse.

Albert Camus

En 1957, dans sa Correspondance avec Maria Casarès, Albert Camus disait :

Je tiens à la cérémonie du jour de mes soixante ans (en 1973 !)

Et je suis bien sûr que je serai là aussi exquisément ému.

Il n'aura pas eu le temps de fêter ses soixante ans. Nul ne dira le contraire.

À moins que…Camus ne fasse partie de ces êtres immortels dont la parole résonne un peu plus fort au fil des années et plus, de nos jours. Et dont la voix manque cruellement car elle est la voix inimitable d’un homme soucieux des hommes. Soucieux d’intégrité. Et d’’humanité.

Pourquoi Albert Camus continue-t-il à nous parler ? Pourquoi ses écrits traversent-ils les années sans prendre l’ombre d’une ride ? Pourquoi demeurent-ils inégalables ? Qui pourrait prétendre surpasser la prodigieuse beauté d’un écrit tel que Noces ?

Tel que L’Été ? Tel que L’Étranger ? Et la totalité de ses œuvres, jusqu’au Premier Homme ?


J’ai, pour ma part, tenté de trouver une réponse à ces interrogations, sans y parvenir. La lecture est par essence une voie qui se fraie entre un auteur et un lecteur et dès lors, toute lecture part d'un doute. Chaque signe, chaque mot est une interrogation. Lire, comme écrire est un acte de remise en question qui fait avancer vers cet inconnu où l'on se doit de se faufiler avec prudence et avancer d'un pas mesuré.

Dans l'univers d'Albert Camus, l'univers de ses œuvres, où tout est mesure, l'on ne peut se faufiler que d'un pas mesuré. Et humble.


Lire Camus aujourd'hui, me semble être une nécessité.

Dans un monde de plus en plus en proie aux individualismes, au racisme, aux extrémismes et aux conflits interminables, il ne se passe guère un jour, face aux turbulences qui perturbent -et ne peuvent que perturber– tout être humain, où je ne m’'interroge sur ce que dirait Albert

Camus.

Celui qui, somme toute, n'était ni tout à fait Algérien, ni tout à fait Français mais foncièrement, entièrement, un citoyen du monde, n'a pas fini de nous interpeler et de nous invectiver. Fort heureusement.

Faire entendre encore et encore la voix d’Albert Camus demeure pour moi le fruit d'une démarche personnelle : réaliser une promesse que l’on se fait à soi-même celle de rendre, dans la mesure du possible, une partie à ceux qui nous ont donné.

Le don que j'ai reçu, grâce à mes lectures de l’œuvre de Camus est inestimable en ce sens qu'il a contribué à faire de moi ce que je suis. Un être humain qui, par le biais des mots, n'aspire qu'à donner en retour.

Catherine Camus évoque ainsi son père : un être humain, c’est

mystérieux, sévère mais juste. L’essentiel est dit.


Donner toute la terre à ceux qui n'ont rien comme on donne ce qui est sacré à ceux qui sont sacrés, disait Camus. Telle est l’essence même de la vie. Et son sens.

Je ne suis pas en mesure de donner toute la terre. Mais je puis humblement, rendre hommage à Camus en ce 07 novembre 2021, un hommage qui est avant tout et surtout un cri d'espoir. Puisqu'après tout, chaque cri que nous poussons se perd et s’envole dans des espaces sans limites, ainsi que nous le rappelle à juste titre Catherine Camus.

Il est temps de refermer cette parenthèse et de ne point retarder davantage la lectrice ou le lecteur qui mérite deux choses : qu’on ne l'ennuie jamais et que l'on lui parle en intelligence.



Les romans de Mona Azzam sont en vente aux États-Unis :



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