COUP DE COEUR RÉSEAU
PIERRE BERVILLE A LU DANIEL FORH 
Daniel est un auteur très élegant et très sympathique, urbain et discret, ex-publicitaire et excellent écrivain -même si cela sonne encore pour certains comme un oxymoron. Surtout, dans ses précédents ( très bons) romans, il faisait s’exprimer ses personnages au sein de lieux clos : un navire, un hôtel, une île . Cela m’avait semblé en résonance avec mon petit séjour au pays des blouses. 
Cette fois-ci le livre se déroule dans un parc animalier,  un zoo si vous préférez. Et , en toute sincérité, c’est un chef-d’œuvre.
Daniel Fohr y raconte l’élégance et l’astuce des bêtes côte à côte avec la bêtise des humains, enfin de presque tous. Mais attention ce n’est pas du Disney, c’est même tout le contraire.. Les références anthropomorphiques se font systématiquement au détriment de l’Homme, de nos comportements, de nos ridicules : «  le diable de Tasmanie, … parcourait sa zone buissonnière comme s’il avait perdu un billet gagnant à la loterie ». C’est très drôle.  Et très précis dans le détail; on se sent parfois comme dans les meilleurs documentaires de National Geographic . 
Brillante est la mélancolique ironie de l’écriture et du thème : hommes et animaux sur la même arche, confrontés au désastre  naturel provoqué par l’avidité et l’inconscience des hommes.
Rassurez-vous, ce n’est pas du Greta Thunberg  non plus . C’est plus intelligent, donc plus convaincant. Au palmarès des responsabilités où de l’irresponsabilité si l’on préfère,l’humain remporte toutes les médailles.
Voilà. Je suis sorti de l’hôpital. ( tout va bien, le virus était bien un fantôme) Mais je ne suis pas sorti de ce livre formidable qu’est « Vies sauvages » . Car mauvaise nouvelle, le zoo est partout chez lui sur notre planète. Et les sauvages, c’est nous. 
Libé a craqué pour. Il leur arrive de ne pas se gourer. Voici un grand roman qui nous offre d’autres perspectives, bien plus émouvantes et indispensables que celles de tous les auteurs moralisateurs ou orientés vers leur ombilic. Rien que cela devrait lui valoir tous les prix. Il n’en obtiendra peut-être aucun,  mais c’est sans importance.