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« Tassadit, la petite tisseuse » : un conte façon Sadia Tabti  

 

Le dernier SILA a suscité l’intérêt marqué de la jeune génération, lecteurs précoces et étudiants confondus, venus fort nombreux et contredire le constat rebattu « les jeunes ne lisent plus ! ». A ce sujet, certains ouvrages présentés au dernier SILA méritent toute notre attention par l’intérêt multiple attesté. C’est ainsi que le bel ouvrage illustré de l’auteure et illustratrice Sadia Tabti, « Tassadit, la petite tisseuse », publié aux Éditions Dalimen, s’impose avec son histoire précieuse des tisserandes kabyles, après celle des potières. Un véritable éloge à la gloire de ces métiers essentiels, témoins de l’histoire du pays par des récits savants, patrimoine culturel transmis depuis la nuit des temps.

 

Cet ouvrage a d’abord le mérite de valoriser le savoir-faire des artisanes de Kabylie par la mine d’informations présente, glissée avec subtilité au hasard du récit personnalisé de cette petite fille citadine de la Casbah d’Alger ayant l’habitude de se rendre avec ses parents à Taguercift, village de Haute-Kabylie, chez sa grand-mère Titiss. Dès les premières pages, l’histoire rehaussée d’illustrations-collages aux couleurs vives et séduisantes, prend l’allure d’un conte, grâce à l’araignée Arachné qui propose à la fillette de suivre son fil de soie de plusieurs kilomètres jusqu’au Mont Tamgout des Aït Djennad. Grâce à la curiosité de cette enfant au visage poupin et aux grands yeux noirs observateurs et de sa grand-mère, nous partageons des instants de pur bonheur au sein de cette région enchanteresse où les animaux, la nature et les bonnes fées du lieu, échangent dans une langue à la fois simple et très précise. Un glossaire de 31 mots et notes éclaire cette route savante. Nous ne nous lassons pas de tourner et retourner les pages de ce voyage aux allures initiatiques, sur les pas de cette jeune exploratrice qui ne cesse de s’émerveiller et d’interroger même « la gardienne de la forêt » pour découvrir « la fenêtre du vent » ou d’échanger avec « la goutte d’eau » de la fontaine qui se glisse à travers champs des fellahs pour observer les coutumes locales, comme « le nettoyage de la laine » par le groupe des villageoises ou « touiza ». La magie du savoir des habitants des lieux et des légendes, se glisse comme un fil d’or dans ce tissage ininterrompu de la conteuse Sadia Tabti. Au cours de l’ascension du Mont Tamgout, aucun détail n’échappe à l’attention de Tassadit sur le travail de tissage raconté par « la gardienne du Rocher ». D’autres gardiennes des lieux viendront guider de leurs conseils la jeune Tassadit, comme « la Gardienne de la toison d’or », la « Gardienne de la Forêt », « la Gardienne des sources » … Plus tard, l’évocation des « plantes tinctoriales » de Timimoune ou pigments naturels indispensables, issus des jardins locaux entrent en concurrence avec l’évocation des colorants chimiques plus courants dans l’élaboration des tissages. Bientôt, l’« azetta » n’aura plus de secrets pour les lecteurs jusques avec les mots sacrés prononcés par les tisserandes « O ange tisse ! Ma main le quitte, que la vôtre l’approche », avec un peu plus tard avant le coucher : « Pendant le jour c’est à moi de tisser, la nuit c’est à votre tour Anges, anges achevez ce qui lui manque ». Une véritable ode à ce métier haut en couleurs et en symboles sous la plume de l’auteure s’ajoute à ce cheminement érudit.

 

Laissons la magie du conte en déroulant ses fils multicolores pour la joie des lecteurs de tout âge. On apprend davantage au cours de cette balade champêtre et montagnarde sur l’univers des tisserandes que dans les meilleurs livres spécialisés. Et si le cœur et la curiosité vous en disent plus, découvrez également « Tassadit la petite potière », conte tout aussi prodigieux de la veine identique et savante de la même auteure.

Tassadit, la petite tisseuse - Sadia Tabti

15,00$Prix
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