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Références et Révérences

 

      En manière de préface, à vous qui allez, peut-être, aborder le frêle esquif de ce recueil, approcher l’archipel de « mes petites écritures de conscience et de nuit… », je voudrais dédier ces quelques mots, ces quelques signes…

      Et d’abord, pour vous saluer, en appeler à la voix de Jacques Bertin, le poète de la Loire et comme salut, il écrit ceci : « A boire je vous donne mon amitié dans le bol cassé de ma tête ».

  Jacques Bertin est le poète de la Loire et des petites gens. Il écrit dans « Paroisse 1960 » ces vers si justes :

« Les femmes sont assises dans l’hiver, le long de la radio sur un dernier travail, c’est tard la nuit, il est déjà dans les dix heures.Depuis longtemps dorment dans les chambres glacées les enfants protégés du mal par un signe de croix. Les femmes sont assises dans l’hiver, il fait grand froid. »

      Je vous écris dans un rond de lumière, investi de silence, je vous écris parce qu’il pleut et que la pluie est une heureuse condition pour la littérature : une bénédiction !

      Avec Guy Béart, aussi, je vous destine ces trois lignes :

 « Je vous écris, parce qu’il pleut,

Quelques mots à la queue leu leu,

 Moutons égarés de nuages…

  Aussi, je vous fais ce présent de René Char :

 « La lucidité est la blessure

   La plus rapprochée du soleil ».

Tout est dit, soudain, n’est-ce pas ?

 

Pour vous, je convie aussi le poète Walt Whitman, intime et cosmique à la fois et qui nous offre cet appel de la vie à elle-même dans son recueil « Leaves of grasss » « Feuilles d’herbes » :

 « Je suis grand, je suis indissuadable,  vers moi les objets de l’univers convergent en un flot perpétuel… je ne suis ni plus grand ni moindre qu’un brin d’herbe, qu’une fourmi ou l’œuf du roitelet, ni plus grand ni moindre que la journée d’une étoile et ma journée d’homme, la voici parmi vous qui s’achève,  ni plus grande ni moindre que la journée d’une étoile ».

 Walt Whitman fut le poète d’un seul livre et au lecteur de hasard, il ose cette précaution :  

« Ceci n’est pas un livre

 Qui touche ceci touche un homme ! »

 Je vous écris aussi, parce qu’il ne pleut pas, quelques mots craquelés, rougis de latérite dans la sécheresse de nos temps. J’écris joyeux parce que :

 « Le désespoir est une forme supérieure de la critique et que pour le moment nous l’appellerons bonheur, les mots n’étant plus des mots mais un habituel conduit à travers lequel les analphabètes se donnent bonne conscience… Nous sommes des chiens et les chiens, quand ils sentent la compagnie, ils se dérangent, ils se décolliérisent et ils  posent leurs os comme on pose sa cigarette quand on a quelque chose d’urgent à faire. Même, et de préférence, si l’urgence contient l’idée de vous foutre sur la margoulette »

Avec le bonjour de l’imprécateur Léo Ferré, impérial !

Enfin, « à tout seigneur, tout honneur », je veux révérer parmi les grandes voix de nos temps, celle du poète Fernando Pessoa, qui dans « Le livre de l’intranquillité », délivre cette sentence, en douze mots pas plus, d’une poignante économie :

 « La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas »

   A vous, avec l’expression de ma fraternité…

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