Coup de cœur de Benoît Lacoste, librairie Les Feuilles Volantes. 
 
Émouvant et bouleversant
 
« Depuis ma naissance chaque rencontre est une souffrance. Parce que je parle pas. J’ai jamais parlé. Je suis incapable de communiquer. D’exprimer ce que je ressens et ce que je pense. Pourtant je ressens et je pense. Mais personne le sait. Personne l’entend. Ça rend seul de pas pouvoir dialoguer avec les gens. »
 
Jérémy a 17 ans et il est différent. Il est handicapé mental et autiste sévère. 
Jérémy ne parle pas mais il pense, son « cerveau cerf-volant » bouillonne. 
Comment alors se faire comprendre ? Il grogne, il crache, il urine…
 
Il fréquente l’IME (Institut Médico-Educatif) en journée et rentre tous les soirs chez lui où il retrouve sa sœur Cindy et ses parents. 
Jusqu’au confinement forcé, ce coronavirus qui est « le mal malotru » qui le fera tant régresser… et parfois même devenir violent. 
 
« Quand on peut pas parler on passe son temps à chercher des moyens du bord pour dire ce qu’on pense et parfois les moyens qu’on trouve sont différents de ceux auxquels les gens alentour s’attendaient. »
 
Laurent Seyer surprend avec son quatrième roman en faisant le choix de nous faire entendre Jérémy. Cela offre un texte aussi touchant et émouvant que puissant et bouleversant. Pudeur, poésie, humour et surtout une immense délicatesse. Le lecteur ne peut que s’attacher à Jérémy et souffrir avec lui. 
 
L’auteur rend également un hommage appuyé aux éducateurs médicaux si dévoués et motivés et aux parents qui, avec amour, gèrent au mieux…
 
Mention particulière enfin sur l’écriture et ses pépites stylistiques. Point trop en dire, à vous de découvrir.
 
« Les moufailles ont estanqué la banodière
C’est la danse des milles
Sans appât sans pouvoir
Les maisons emphanées rabinent les jonquilles »
 
J’ai pas les mots est disponible. Il serait dommage que vous passiez à côté de ce roman  regorgeant d’humanité.