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L'argument

L’Appel de la steppe réunit des poèmes dont la Mongolie est le centre nomade, empire du vent et des chevaux, des loups et des hommes libres. Tour à tour lyrique et épique, L’Appel de la steppe célèbre à la fois une façon de vivre et d’écrire célébrant l’union de la terre et du ciel, des hommes et de la nature.

 

 

L'extrait

Vertige horizontal

Ici
Tu peux aller où tu veux
Le ciel et la terre sont sans limites
Tu peux aller où tu veux et même te perdre
Définitivement
Dans les confins de la steppe au pelage de chat
Avalé par le vertige horizontal
Tombant de haut sans jamais bouger d’un pouce
Te noyant dans un océan d’azur une tempête d’herbes hautes
Avec le vent assourdissant emportant le moindre mot
Avant qu’il ne sorte de ta bouche

Ici
Tu ne trouveras rien à ta mesure
Sauf quand tu dormiras dans la yourte parfumée au charbon
Et au suint de mouton
Et décorée de coffres en bois peint aux motifs bouddhiques
Avec les enfants qui se chamaillent sous la couette
Un couple qui s’enlace
Et peut-être une petite vieille qui tire sur sa pipe argentée
Tout en jouant sur son accordéon une vieille complainte
Du temps de Gengis Khan
Ou un air de l’Armée rouge

Ici
Dès que tu mettras le nez dehors ton nez tombera
De lui-même
Sur le sol gelé et dur comme le granit
Un loup emportera ton nez et le donnera en pâture
A ses petits si doux aux dents de cisaille
Inutile de protester
Les loups ne rendent jamais rien
Inutile de crier
La nature ne comprend pas ton langage
La nature n’est pas un jardin comme chez Voltaire

Ici
Les hommes ne sont pas au-dessus des bêtes
On leur prête allégeance
Avant de les manger
Et on leur rend hommage de cette façon
En les mangeant
Les hivers sont si rudes
Et si rares les denrées
On remercie le mouton d’avoir offert sa vie
Et son lainage si doux
A ceux qui doivent rester en vie pour élever le troupeau

Ici
Tu peux entrer chez qui tu veux
A condition de passer la porte du pied gauche
Et de te montrer humble silencieux mais jamais soumis
On te tendra un bol de thé fumant
Une rasade de vodka
Et de quoi te sustenter jusqu’au prochain voyage
On ne te demandera pas tes papiers
On ne posera pas de question
Car tu seras la réponse à des siècles d’hospitalité
Et cela vaut bien que tu te taises un peu

Ici
Tu prendras ton temps quand il n’y aura rien d’autre à faire
Contempler les bêtes qui boivent à la rivière
Te rouler dans l’herbe comme les chiens
Te saouler à la lune autour d’un bon feu
Mais pour cela il te faudra aussi
Monter la yourte avec ceux qui t’ont accueilli
Couper du bois dans la neige
Rassembler chèvres moutons yacks chevaux
Dans leur enclos
Et tuer la bête malade sans trembler

Ici
Tu peux bomber le torse jouer au héros
Mais pas pour longtemps
Tu trouveras toujours plus fort que toi
Des types torse nu qui se battent par moins 30 degrés
Juste pour s’amuser
Des bikers aussi mal embouchés que des Hell’s Angels
Des hordes de loups qui en voudront à ta jolie parka
Achetée rue des Ecoles au Vieux Campeur
Le paradis des aventuriers
Parisiens

Ici
Tu peux te trouver ou te perdre
Te grandir ou t’avilir
T’aimer ou te haïr
Crier de joie ou prendre tes jambes à ton cou
Ce pays n’est pas à ta hauteur
Il n’aime pas les faibles les esclaves de la vie bien rangée
Et du confort moderne qui finit par tuer la vie
Qui est puissance force volonté
Et dont se détournent toujours ceux
Qu’anime l’esprit chagrin du ressentiment.

 

L'AUTEUR

Pascal Hérault est né dans l’autre siècle à Paris. Après des études de lettres à La Sorbonne qui l’ont conduit en particulier à s’intéresser aux chroniques d’art de Guillaume Apollinaire, il se tourne vers l’enseignement et le jazz.

Parallèlement à ces activités, il participe à de nombreuses revues littéraires où il publie des nouvelles et des chroniques de lecture ; il anime aussi des cafés littéraires à Paris et lance des « promenades-lectures » au sein d’une association culturelle.

Après la publication d’un recueil de nouvelles : Le Dos des ours blancs, aux éditions Bérénice, il se lance dans l’écriture de textes pour la jeunesse, albums et romans, de polars et de chroniques pour le site K-libre et pour Vents Contraires, la revue en ligne du Théâtre du Rond-Point.

Son intérêt pour l’Asie et ses nombreuses spiritualités (bouddhisme zen, taoïsme) relèvent d’une recherche personnelle conduite depuis de longues années, fruit de lectures et de rencontres diverses. Il y trouve à la fois une façon d’écrire, tantôt lyrique et tantôt dépouillée, à l’image de la steppe mongole, et une réflexion sur les relations entre l’homme et l’univers. Pour autant, sa poésie ne se limite pas à cette inspiration asiatique : le quotidien, la nature, la vie affective sont des thèmes qu’il aime explorer au gré de son inspiration.

Pascal Hérault est sociétaire de la Société des Gens de Lettres (SGDL) et membre de la Charte des Auteurs et Illustrateurs jeunesse.

L'APPEL DE LA STEPPE - Pascal Hérault

$12.00Prix
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