J’ai froid… quand les mots manquent de chaleur et qu’ils frissonnent comme une flamme chancelante, soumise à la moindre brise qui viendrait à bout d’elle.
J’ai froid… quand je rencontre le vide dans un regard. Quand l’étincelle du mien n’arrive pas à réveiller une prunelle endormie.
J’ai froid… quand on me prend la main et que la paume qui me tient me glace les os au lieu de me réchauffer le cœur.
J’ai froid… quand une bise/brise m’effleure à peine, cherche à m’étreindre et m’éteint sans m’embraser.
J’ai froid… de la tête aux pieds quand les moulins de mon cœur s’arrêtent de tourner, malmenés par un vent glacial, un crachin givré qui les tétanise.
J’ai froid… quand la présence et l’absence se confondent dans une même indifférence : quand elles ne font pas la différence.
J’ai froid… lorsque certaines vies me traversent comme on traverse un miroir, sans laisser une trace de leur passage, sans réussir à me marquer d’un trait infime, aussi infime soit-il.
J’ai froid… dans le dos lorsque le mensonge est applaudi comme une vérité absolue.
J’ai froid… pour tous ces faussaires de la vie qui se jouent des autres, qui fabulent, (se) trompent, trichent et trahissent.
J’ai froid… pour l’humanité lorsqu’elle en manque tellement. Lorsque le règne animal la prend en pitié. Lorsqu’elle me fait honte.
J’ai froid…pour tellement de choses, tellement de causes, éconduites, malmenées, récupérées, souillées jusqu’à l’écœurement.
J’ai froid… à mon idéalisme lorsqu’on me prouve tous les jours que mes illusions seront détruites l’une après l’autre, implacablement.
J'ai froid pour tous ceux que le vent glacial fouette sans répit.
J'ai froid pour les cœurs qui ne connaissent pas la chaleur et le réconfort de l'amitié.
J'ai froid pour toutes les personnes qui affrontent des tempêtes les mains nues.
J'ai froid pour tous ceux qui ne reverrons plus l’aube, volés à la vie par le gel et la glace.
J'ai froid pour tous les déplacés, les sans-abris, les si mal nantis qu'une bourrasque n'en ferait qu'une bouchée.
J'ai surtout froid devant l'injustice de ce monde qui fait feu de tout bois...
J'ai froid...parce qu’on peut avoir froid en tout temps : sous le soleil exactement !
Belinda Ibrahim
Comments