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JARDINS ABANDONNÉS

C’est vrai, je croyais l’avoir déjà écrite cette page sur les gens qui vous répondent toujours à côté, ou ceux qui font semblant de vous écouter alors qu’ils sont à mille lieues de ce que vous cherchez à leur dire, ou ceux qui prétextant que c’est trop compliqué vous toisent et passent leur chemin, ou pire encore ceux qui, pour un mot de travers, s’octroient le droit de vous juger.


Et j’en ai plus qu'assez de ces mal entendants, tellement absorbés par le méticuleux récurage de leur nez qu’ils en oublient la folle et infinie richesse qui plane autour et au-dessus d’eux.

Vous me direz, on ne peut pas s’arrêter à chaque fou que l’on rencontre! S’il fallait écouter tous les délires d’ivrognes et de paumés! C’est pourtant là que j’ai appris ce que je sais. Aucun prédicateur homologué, maître de chaire, conférencier, politicien, professeur, ne m’a donné les clefs de cette porte bien cachée ouvrant sur le jardin abandonné de la vraie liberté.

Ce n’est rien d’autre qu’un sentier envahi de fleurs sauvages, d’aubépines aux corolles remplies de cétoines, de ronces et d’orties, de mousses et de pourpiers, roses trémières, buissons étoilés et sucrés de chèvrefeuilles. Ce n’est rien d’autre qu’un sentier dont on ne revient pas. L’ivresse de l’instant efface les efforts et quitter la raison, les yeux levés au ciel, guidé par un seul chant d’oiseau, demande un grand courage.

Se perdre est un luxe que bien peu ont l’audace de s’offrir. Et nos chimères gratuites et incertaines, nos inaudibles et tremblants murmures valent largement les bruyants leurres, les péroraisons catégoriques et savantes des nantis de ce Monde.


Alain Cadéo.





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