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LA MAIN DANS LE NOIR par Pierre J.Villard


Illustration J-J. Vitiello


Prenez la plume (le clavier), laissez courir votre imagination vers le noir et vous verrez apparaître tôt ou tard, une belle lumière.

D’aucuns vous diront « Ouf ! Je ne veux pas lire cela... je préfère une bonne romance, une barbe à papa bien rose ». Seulement le sucre nourrit peu, il donne l’illusion d’énergie, absorption rapide !

Écrire le noir c’est avant tout chercher à transmettre une émotion forte, qui colle au corps un frisson, une douleur exquise et qui finit en sourire crispé, en soulagement heureux.


Et comme une chair délicieuse, mais au goût trop prononcé, le noir doit être bien accompagné, bardé, contrasté pour exacerber le plaisir d’y plonger. Les sauces, épices, saveurs qui subliment un mets puissant sont pour le roman noir, la touche d’humanité, déclinée en fraternité, en compassion ou en amour qui sauve.

Mais le meilleur condiment, celui qui plait à tout le monde, exhausteur naturel de goût, c’est l’humour.

L’humour qui rend brillant le noir, le taquine, le sort de son trou glauque.


Deux exemples, parmi tant d’autres : Raymond Chandler, le pape et précurseur du roman noir fait dire au fameux détective Philip Marlowe dans Le grand sommeil : « Son œil de verre luisait gaiement, c’était de loin ce qui subsistait de plus vivant en lui » ou bien : « c’était un très petit homme qui devait peser à peine autant qu’un pouce de boucher » ou bien encore (je ne m’en lasse pas) « Son dur visage était blanc comme du gras de mouton froid ».

Douglas Kennedy dans Piège nuptial nous embarque dans un polar délicieusement noir... où il annonce la couleur (!) dès les premières pages : « Tu l’as déjà faite cette route ? Bon, faut espérer que tu aimes le bizarre, parce que tu vas en avoir ton compte. Et quand je dis « bizarre » dans ce coin de pays, je veux dire du bizarre qui craint vraiment ! » .

Pour tout vous dire, dans ce roman, j’ai pataugé avec plaisir dans les entrailles fumantes de kangourous sacrifiés, entouré d’habitants cinglés d’un village inexistant sur les cartes... Du bien glauque à mourir de rire : « Il a aussi appelé l’assistance à faire preuve de civisme en ramassant toutes les têtes de kangourou qui traînaient sur la route... ».

Tellement d’écrivains du noir, à travers leur personnage fétiche (San Antonio, Hercule Poirot, Commissaire Laviolette, etc) ont puisé dans l’humour, ce révélateur de goûts ! Du cynique, de l’absurde, de la subtilité hilarante ou du gros-rouge- qui-tache... Que du bonheur !


J’ai essayé de les suivre, à grande distance ! dans l’écriture du noir. L’humour rôde souvent dans mes livres, se manifeste, se cache et revient à grand galop.

Dans « NOIRS TERRITOIRES », recueil de sept nouvelles proposé sur le site des Auteurs francophones, l’humour fait son office...

On y trouve une petite vieille adoratrice de cochons (à un point, je ne vous dis pas !) , une infirmière au scalpel frétillant, qui a oublié que son hôpital avait fermé vingt ans plus tôt... ou bien un assassin farceur (au sens premier, attention à la dinde de Noël !) et même une jeune épouse refroidie dans l’eau (congelée) de son bain...


Des illustrations dans l’esprit « humour noir » de J-J. Vitiello accompagnent brillamment chaque nouvelle. Venez vous balader avec nous, prenez du plaisir ! mais n’oubliez pas de rentrer avant la tombée de la nuit...


Découvrez le roman noir de Pierre J.Villard


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