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Le feuilleton jeunesse du samedi : Tali Nohkati, la grande traversée par Koza Belleli

Dernière mise à jour : 4 mars

Chaque samedi, retrouvez les aventures de Tali Nohkati. Un joli rendez-vous de lecture avec les enfants, parce que la lecture est essentielle dès le plus jeune âge.

Une aventure littéraire signée Koza Belleli. Bonne lecture et rendez-vous samedi prochain pour la suite de votre lecture en famille.




PREMIERE PARTIE

 

« La beauté devant moi fasse que je marche

La beauté derrière moi fasse que je marche

La beauté au-dessus de moi fasse que je marche

La beauté au-dessous de moi fasse que je marche

La beauté tout autour de moi fasse que je marche »

 

Strophe du Kledze Hatal – Chant shaman Navajo

 

1 – Au commencement

 

C’était il y a longtemps. En ce temps-là, la Lune était seule dans le ciel et Coyote était seul sur la Terre. Dans les ténèbres, ils allaient, l’âme en peine. N’y tenant plus, Coyote dit à la Lune :

 

- Belle amie, nous ne pouvons vivre ainsi éternellement.

 

- Tu as raison, il faut qu’il en soit autrement !

 

Sans attendre, ils se mirent à l’ouvrage. Le faisant, le défaisant et refaisant sans cesse.

 

Soudain ! Fut-ce le fruit de leur travail, du hasard ou de la chance, il y eut alternance du jour et de la nuit. Pour l’accompagner dans le firmament, la lune sema les étoiles et le soleil. Sur Terre apparut le grand océan. Les montagnes s’élevèrent. Bientôt, Coyote parcourut les plaines, découvrant les arbres, les animaux et toutes les fleurs de la création.

 

Voyant que tout cela était beau, la Lune et Coyote éprouvèrent une grande joie.

 

Alors que Coyote longeait les rives d’un cours d’eau, la glaise douce collée sous ses pattes prit forme humaine. Un homme et une femme se dressèrent devant lui.

 

C’était un temps nouveau.

 

De l’union de ces deux êtres, naquit un enfant. Sa mère, son père, la Lune et Coyote le regardèrent avec tendresse et proclamèrent la nouvelle aux quatre vents.

 

Jour après jour, ils s’émerveillaient de ses yeux, de son nez, de ses oreilles délicatement ourlées. Mais ce qui les charmait le plus, c’était ses petits pieds. Tous n’avaient de cesse de les chatouiller, de les mordiller. Ce qui faisait rire l’enfant aux éclats.

 

C’est la raison pour laquelle ils l’appelèrent « Tali Nohkati », ce qui signifiait « deux pieds ». Et ce surnom, ce sobriquet, lui est resté.

 

La vie s’écoulait, paisible.

Mais hélas, il arriva... Il arriva qu’un souffle brûlant balaye tout sur son passage. Rien ne semblait pouvoir arrêter les coups mortels de la foudre et la course effrénée de son cortège de flammes. Tout fut emporté, les arbres, les animaux, les fleurs ainsi que l’homme et la femme.

 

Au bout de plusieurs jours, seules quelques brindilles et des carcasses fumantes jonchaient le sol.  Rescapés de ce désastre, Coyote et Tali Nohkati restaient serrés l’un contre l’autre, tremblants d’effroi au fond d’une caverne.

 

La Lune qui les chercha longtemps les retrouva enfin. Alors que Tali Nohkati, épuisé s’était endormi, la Lune dit à Coyote :

 

- Malheur de malheur ! Que va devenir cet enfant, maintenant que ses parents ont disparu ?

 

- Je l’ignore ? Mais, au moins, as-tu pour lui un peu de nourriture ? demanda Coyote

 

- Juste pour les doigts d’une main, répondit la lune. Après quoi, je n’aurai plus rien.

 

-  En ce cas l’enfant devra partir, dit Coyote. Partir loin, très loin d’ici.

 

La Lune regarda le paysage couvert de cendres et le rassura :

 

- J’ai vu. Des terres, au-delà de l’horizon ont été épargnées. Que Tali Nohkati se mette en chemin avec les vêtements de peau et les provisions que voici.

 

Quand Tali Nohkati s’éveilla, Coyote était à ses côtés. Face au désarroi et à l’étonnement de l’enfant qui regardait ce que la Lune lui avait laissé, Coyote dit :

 

- La vie n’est plus possible ici. Tout est désolation. Tu vas devoir t’en aller.

 

- M’en aller ! Mais où ? demanda Tali Nohkati des sanglots dans la voix.

 

- Au-delà de l’horizon, répondit Coyote. Là-bas des terres ont été épargnées.

 

- Viendras-tu avec moi ? demanda encore Tali Nohkati.

 

- Comment le pourrais-je ? Je ne suis pas et ne serai jamais ton semblable. Mes routes ne sont pas et ne seront jamais les tiennes. Pour autant, je ne t’abandonnerai pas. Quand nos chemins de traverse se croiseront, je saurai bien te trouver et quand tu auras besoin d’aide, appelle-moi, je saurai bien t’entendre. 

 

Tali Nohkati dut se résoudre. Sous le regard attristé de Coyote, qui lui confia quelques braises et une poignée d’herbes sèches, il enfila les vêtements de peau, prit les provisions et s’éloigna.

 

Très vite, sa frêle silhouette disparut et Coyote, frappé d’un immense chagrin, hurla dans la nuit qui enserrait le monde.   

 

- § -

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