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Partir pour être libre

Partir pour grandir, partir pour vieillir.

Nous partons tous quelque part et revenons tous au point de départ.



On avance, petit pas après petit pas, on titube, nous tombons, puis nous prenons de l’altitude, on grandit et à chaque lieue, vêtus de nos bottes, encore un peu trop grandes, on s’impatiente de ne pouvoir aller au-delà du temps. Il nous faudra attendre le printemps pour faire éclore les bourgeons qui offrent un nouveau décor. Chercher par-delà les sourires bienveillants, les coups portés par le souffle d’improbables ouragans.

Partir, c’est la grande aventure, on revêt notre armature, cette seconde peau « d’adulte », et puis l’on s’enivre de toutes ces promesses, de troubles éclats d’étoiles, de destins qui seraient parsemés sur nos chemins, de ces espoirs en démesure qui jaillissent de ces aiguails chaque matin.


De cruelles trahisons en affrontements orgueilleux, de duels de passion aux amants amoureux, s’égrènent, un après un, les petits cailloux qui nous guideront vers un retour chez nous.


Jour après nuit, aube après crépuscule, toujours, à l’infini, on inspire ce corps, on exulte, on tente d’atteindre cette aurore aux boréales d’or.

Plus tard, à l’automne, on comprendra la pauvreté de ce trésor et le vent viendra graver sur nos visages les sillons des maux d’un monde trop pernicieux, d’un monde trop faible pour affronter les défis des cœurs les plus ambitieux.


Mais avant de le comprendre nous partirons pour découvrir de nouvelles histoires, de nouvelles fables, l’enfant en nous si curieux réclamera des nouveaux horizons, de nouveaux noms d’azurs. De nouvelles vérités qui nourriront nos mémoires.


Puis au crépuscule, assis à d’autres tables, l’enfant devenu vieux réclamera sa maison aux bleues lasures.


Armé de sa vieillesse, à défaut de richesse, il suivra les petites pierres qui ont coloré sa terre. Éclairé par cette sagesse, il longera les rivages bordés de pensées éphémères. Entre larmes et sourires, s’embrumeront les souvenirs.


Oui, les images se blanchissent du temps qui passe et lorsqu’on revient, on ne sait plus vraiment qui est qui ou qui on est. Les yeux hagards, on tente d’y voir clair à travers cet épais brouillard qui trouble davantage l’inconstance de nos réminiscences.


On a beau avoir rêvé très fort ces retrouvailles, on ne retrouve jamais tout à fait les sourires de ceux qu'on a quittés.


Le regard nostalgique et le cœur lourd, on se résigne à accepter que ces images n’existent plus que sur ces photos froissées.


Partir, c’est un peu grandir, mais c’est surtout laisser l’enfance mourir.




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