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Radium - Un scandale américain

Au printemps 1917, la United States Radium Corporation recrute en masse de très jeunes filles comme ouvrières peintres de cadrans de montres à destination de l’ar- mée. Elles utilisent une invention révolutionnaire, la peinture Undark, à base de radium, qui permet aux chiffres de briller dans le noir. Pour ces filles d’origine modeste comme Grace, Kathy, Edna ou les sœurs Maggia, c’est un emploi en or ! En réalité, c’est le début d’une véritable descente aux enfers....

Extrait du livre "Radium girls, tome 1"


JUILLET 1917 — UNITED STATES RADIUM

CORPORATION — ORANGE (New Jersey)


Grace Fryer avançait le cœur serré à travers les rues étroites d’Orange dans la

douceur de cet été 1917. Tandis que les maisons de brique succédaient les unes aux autres,

elle ressassait les choix qui l’avaient poussée à se trouver là où elle était. Grace avait quitté

son travail d’employée de bureau pour répondre à l’appel de la United States Radium

Corporation. En effet, l’usine, installée depuis peu à Orange, recrutait en masse des peintres

de chiffres de montres.

Grace avait un peu hésité avant de postuler. À dix-huit ans, elle gagnait déjà

correctement sa vie. Une chance, d’ailleurs, pour sa famille ! Son père, délégué de l’Union

des Charpentiers, se trouvait souvent renvoyé des chantiers pour ses engagements

syndicalistes, et il avait bien du mal à nourrir ses dix enfants. Et les choses n’allaient pas

s’arranger : les deux frères aînés de Grace, tout juste enrôlés dans l’armée, venaient de

partir pour la France et ses tranchées, privant la tribu de leurs deux paies. Les salaires très

élevés de US Radium allaient lui permettre de rapporter un peu plus d’argent à la maison,

tout en participant à l’élan patriotique de l’effort de guerre qui traversait tout le pays. Et qui

sait si une des montres qu’elle peindrait ne se retrouverait pas entre les mains d’un de ses

frères ? L’idée la fit sourire un instant. Mais en réalité, elle souhaitait surtout que cette

parenthèse soit la plus courte possible. Grace n’avait pas fait d’études. Elle avait quitté

l’école à quatorze ans, comme toutes les filles de la classe ouvrière de Newark et d’Orange,

mais grâce à son intelligence, elle avait rapidement décroché un emploi bien payé et

intéressant. Elle comptait d’ailleurs reprendre le chemin des bureaux dès que le conflit serait

terminé.

Arrivée à l’intersection des rues High et Alden à Orange, la jeune fille considéra les

constructions autour d’elle. Étrangement, elle se trouvait en plein quartier résidentiel.

Pourtant, s’avançant encore, elle distingua une fumée au-dessus des toits. Bientôt, des

bâtiments fonctionnels apparurent : elle y était. La US Radium s’était effectivement installée

au beau milieu d’ilots de maisons basses. Grace contourna ce qui devait être un laboratoire,

une raffinerie, et lut enfin la mention « Atelier » sur la porte d’une bâtisse en briques à deux

étages.

Mr Savoy, le contremaître, la fit patienter un moment dans le couloir. Un peu

hésitante, Grace finit par s’asseoir sur une chaise et s’empara d’un magazine qui trainait.

Entre deux articles sans intérêt, elle tomba sur une double page de publicité qui retint son

attention. L’une d’elles vantait les mérites du radium vendu en pot dans lequel on pouvait

ajouter de l’eau pour retrouver la vitalité de la jeunesse. « Je le sens pétiller à l’intérieur de

mon corps ! » disait la jeune femme dessinée en noir et blanc au-dessus du slogan inscrit en

gros caractères : « Soigne la fièvre, la goutte, la constipation… Une source de bien-être dans

un monde de brutes ! ». Grace sourit : décidément, le radium était à la mode.

Depuis les travaux de Pierre et Marie Curie et la découverte que le radium pouvait

guérir le cancer, il était devenu LE remède miracle pour tous les maux. On le mettait à toutes

les sauces ! C’est ainsi qu’on pouvait trouver du beurre, du lait, mais aussi du maquillage, du

dentifrice et des crèmes pour le visage sous la marque Tho-Radia. Dernièrement, le talc pour

bébé au radium faisait fureur auprès des jeunes mamans. Mais ses usages étaient si variés

qu’on en perdait le compte. La voisine des Fryer avait même acheté un pulvérisateur



« Radium Eclipse Sprayer » réputé tuer les mouches, moustiques et cafards et sans égal pour

nettoyer meubles et porcelaines. Chaque industrie voulait son article à base de radium dans

sa gamme de production… Grace doutait que toutes ces marchandises contiennent

réellement du radium, un composant cher et difficile à se procurer, mais il avait

indéniablement la cote ! On le célébrait jusqu’à Broadway où la chanson « Radium Dance »

faisait, parait-il, fureur dans la comédie musicale Pif ! Paf ! Pouf !

Soudain, la porte de Mr Savoy s’ouvrit.

— Ah ! Encore une, murmura-t-il en découvrant la jeune fille. Bien, très bien…

Suivez-moi.

Grace, qui avait préparé tout un arsenal de réponses en prévision d’un entretien

d’embauche serré, ouvrit la bouche et la referma aussitôt en emboitant le pas au

contremaître. Celui-ci la mena directement à l’étage où il interpella une femme à l’âge

indéfinissable qui dégageait une indéniable autorité.

— Miss Rooney, je vous confie une nouvelle ouvrière, lança-t-il avant de

redescendre derechef dans son bureau.

Grace était éblouie. Dans le grand studio, une lueur éclatante traversait les hautes

baies vitrées et les puits de lumière percés dans le plafond. Elle songea que, même en plein

hiver et par temps d’orage, on devait y voir plus clair que dans un aquarium. Il régnait une

atmosphère à la fois joyeuse et studieuse parmi les ouvrières assises en rangs serrés autour

de longues tables. Elles devaient être plus de deux cents à peindre ainsi consciencieusement

des chiffres sur des cadrans de montres.

— Je suis la responsable d’atelier. Mademoiselle… ? interrogea Miss Rooney en

inspectant du regard la jolie jeune fille dont les traits fins étaient illuminés par des yeux

noisette et des cheveux bruns bouclés coupés courts.

— Fryer. Grace Fryer.

— Parfait, mademoiselle Fryer. Suivez-moi. Je vais vous confier à Mae Cubberley,

notre instructrice. C’est une championne ! Avant d’être nommée à ce poste, elle peignait

jusqu’à huit à dix plateaux de vingt-quatre cadrans par jour. Je vous laisse calculer le

résultat ! Désormais, elle forme les débutantes.

Grace estima que Mae devait pouvoir traiter plus de deux cents montres par jour et

en resta estomaquée… Tout en devisant, Miss Rooney avait conduit la nouvelle recrue

auprès d’une jeune de femme de vingt-six ans, au sourire avenant, qui la fit asseoir à ses

côtés et, sans plus attendre, commença son discours.

— Vous fabriquerez la peinture lumineuse, qu’on appelle “Undark”, dans ce creuset,

expliqua Mae en désignant un petit pot en terre. Vous y mélangerez la poudre jaune que

voici avec ce liquide. Voilà, conclut-elle en remuant la mixture avec un pinceau très fin en

poils de chameau. Il n’y a plus qu’à l’appliquer sur un cadran. Vous avez compris ?

Grace hocha la tête. Mae l’amena ensuite à une table où elle lui désigna une place

auprès d’une très jeune ouvrière aux cheveux châtains et au regard vif. Presque une enfant,

songea Grace. Kathy Schaub lui sourit gentiment. Elle devait avoir quatorze ou quinze ans et

maniait le pinceau avec une impressionnante dextérité. Grace savait que l’usine préférait

employer de très jeunes filles pour ce type de tâche, celles-ci faisant généralement montre

d’une plus grande habileté que les femmes plus âgées.

— Voyez comment Kathy tient le cadran, continua Mae. Lip… dip… paint… lécher…

tremper… peindre…

Grace considéra la jeune fille d’un air étonné, associant mentalement la rengaine

aux mouvements assurés du pinceau. Kathy avait saisi un cadran d’environ trois centimètres


de diamètre et y traçait des chiffres sans montrer la moindre hésitation. Mais bizarrement, à

chaque coup de pinceau, elle en effilait la pointe entre ses lèvres.

— Les poils du pinceau s’épatent rapidement et la peinture sèche très vite,

commenta Mae. Alors, pour affiner la pointe, on procède ainsi. On a bien essayé de le

tremper dans un autre creuset rempli d’eau, mais cela provoquait une importante

déperdition de matière. Le radium est trop précieux pour qu’on puisse le gâcher…

— De toute façon, on est plus efficace à la bouche, renchérit Kathy entre deux

coups de pinceau.

Grace hocha la tête, mais ne put s’empêcher d’esquisser une grimace de dégoût.

— À mon sens, la peinture n’a aucune saveur, la rassura Mae. Oh, vous serez peut-

être un peu écœurée au début, mais vous vous y ferez. Certaines trouvent même le goût

plutôt agréable…

— Exact, approuva Miss Rooney qui passait et repassait derrière les bancs pour

surveiller le travail par-dessus les épaules des ouvrières. Vous êtes chanceuses,

mesdemoiselles. Pas besoin d’acheter des tonics ou des sels de bain hors de prix pour

profiter des bienfaits du radium !

— Nous, grâce à notre métier, nous aurons de belles dents et une peau

rayonnante ! renchérit une jeune fille aux yeux gris et au sourire éclatant.

— Pour cela, il faudrait vous y remettre, mesdemoiselles ! conclut Miss Rooney en

frappant dans ses mains. Je vous rappelle que vous êtes payées au cadran.

Puis elle continua, à l’intention de Grace :

— Tenez mademoiselle Fryer, voici les boites : celles de vingt-quatre et celles de

quarante-huit montres.

— Moi, j’en peins 250 par jour ! lança une jeune fille à l’allure énergique. Je

m’appelle Mollie, ajouta-t-elle avec un clin d’œil à l’intention de la nouvelle.

— Oui, ça fait un joli petit salaire à la fin de la semaine, commenta Miss Rooney, qui

ne perdait aucune occasion de motiver ses troupes.

— Je gagne plus que mon père ! renchérit une autre. Ça le rend dingue !

— Que notre père ! rectifia Mollie.

Grace les considéra d’un air étonné :

— Vous êtes donc sœurs ?

Trois jeunes filles approuvèrent en même temps avant d’éclater de rire.

— Oh ! Toutes les trois ? s’exclama Grace.

— Oui, nous sommes une grande famille, expliqua Mollie. Albina est l’aînée, ensuite

c’est moi, et puis Quinta. Vingt-et-un, dix-neuf et seize ans. Nos parents ont bien travaillé !

D’autant qu’au total, nous sommes sept !

Les Maggia étaient filles d’immigrés italiens et les trois sœurs arboraient toutes des

cheveux bruns et des yeux sombres. Leur sourire bienveillant encouragea Grace à engager la

conversation :

— Chez moi aussi, nous sommes une grande famille. On est dix enfants. Mon salaire

devrait nous permettre de respirer un peu.

— Ici, tout le monde vient travailler en famille. Moi et ma cousine Irene, nous avons

été embauchées ensemble en février, ajouta Kathy en montrant une jeune fille à l’air

vaguement triste assise quelques tables plus loin.

— Allons, mesdemoiselles, au travail ! coupa Miss Rooney.


— Quant à vous, Miss Fryer, continua Mae Cubberley, lorsque vous aurez terminé

une boite, vous l’apporterez dans la chambre noire là-bas pour vérifier la qualité de votre

ouvrage. La peinture lumineuse devient verte dans l’obscurité. Tous vos chiffres devront être

impeccablement lisibles. Ces cadrans-ci font partie d’une commande de l’armée. Avec la

guerre en Europe, la demande a littéralement explosé et notre travail doit être parfait. C’est

peut-être de lui que dépendra la survie de certains de nos soldats.

— Pas question de fournir une qualité aléatoire ! renchérit Miss Rooney. Kathy, je

vous laisse superviser Miss Fryer.

La petite ouvrière hocha la tête, sans s’interrompre. Pourtant, Grace ne s’asseyait

toujours pas.

— Il te manque quelque chose ? demanda Kathy.

— Je… Vous peignez sans blouse ?

Grace portait sa plus jolie robe de façon à mettre tous ses atouts de son côté pour

l’entretien d’embauche, et l’idée de la salir l’ennuyait profondément. D’autant qu’une

étrange poussière jaune volait un peu partout, créant des petits nuages en suspension qui

scintillaient dans les rais de lumière venus des baies du plafond, avant de se déposer

imperceptiblement sur les épaules ou les cheveux des jeunes femmes.

— Bien sûr que nous travaillons sans blouse, s’exclama Mollie. La poudre de radium

qui tombe sur nos vêtements se met à briller dans le noir. Quand nous rentrons chez nous, le

soir, on dirait une procession de fantômes. C’est à mourir de rire !

Grace remarqua tout à coup que ses nouvelles camarades étaient particulièrement

élégantes. Elle en eut rapidement l’explication :

— Moi, j’ai mis ma plus belle robe, minauda Quinta, celle que je porterai samedi

pour sortir.

— Tu seras lumineuse, c’est le cas de le dire ! ironisa Mollie.

— C’est pour épater James McDonald ! souffla Albina avec un clin d’œil.

Quinta haussa les épaules d’un air faussement agacé. En réalité, elle était très fière

d’avoir déjà un fiancé, devançant ses sœurs plus âgées sur le chemin du mariage. Soudain,

Kathy donna un coup de coude à Grace. Dans le même instant, les sœurs Maggia plongèrent

sur leurs cadrans et toutes se remirent au travail dans un silence impeccable. Grace

remarqua alors qu’un nouveau personnage venait de faire son apparition. Pas très grand,

âgé d’environ trente-cinq ans, il avançait précédé par un nez proéminent tandis que ses

cheveux courts plaqués sur son crâne révélaient ses oreilles légèrement décollées. Avec sa

blouse blanche et son air perdu dans d’insondables énigmes, il avait incontestablement,

selon Grace, l’allure d’un savant.

Comme il approchait, la jeune fille, de peur d’être prise en défaut, saisit vivement

un cadran sur le plateau en bois de vingt-quatre montres que Mae Cubberley avait placé

devant elle. Rapidement, elle plongea son pinceau dans la mixture jaunâtre et traça avec

application son premier chiffre. Elle allait esquisser le second, mais déjà les poils de son

instrument s’étaient séparés et il lui était impossible de dessiner un trait parfait. Elle n’avait

pas d’autre solution que d’effiler son pinceau à la bouche avant de le tremper à nouveau.

Elle grimaça et, à regret, introduisit précautionneusement les poils de chameau entre ses

lèvres. La peinture n’avait pas grand goût, et elle se dit que c’était toujours ça de gagné.

Tout à coup, une voix teintée d’accent russe venue d’au-dessus de sa tête la fit

sursauter :

— Vous ne devriez pas faire ça, vous allez être malade…


C’était le scientifique. Il s’était arrêté pour la regarder procéder. Mais avant qu’elle

ait eu le temps de réagir, il tourna les talons pour rejoindre un autre personnage en blouse

blanche. Plus grand, mais l’air tout aussi absorbé, celui-ci semblait le chercher.

— Qui est-ce ? chuchota Grace, abasourdie.

— Le Dr Sabin von Sochocky, répondit Kathy. Et l’autre, c’est le Dr Willis. Ce sont les

deux fondateurs d’US Radium. Mais c’est Sochocky qui a inventé la formule de la peinture

lumineuse au radium.

— Il vient d’Ukraine, ajouta Mollie. D’où son accent.

— Pourquoi a-t-il dit que je ne devrais pas faire ça ? s’inquiéta Grace. Je ne m’y

prends pas comme il faut ?

Pour illustrer son propos, elle refit le geste d’effiler son pinceau entre ses lèvres.

Kathy haussa les épaules :

— Non, c’est parfait.

— Ne t’en fais pas, chuchota Mollie, il est un peu bizarre. C’est un chercheur, il a

toujours la tête ailleurs !

— C’est rare qu’ils viennent ici, s’étonna Kathy.

— Vous avez remarqué ? insista Grace, il a l’index gauche raccourci, comme si un

animal lui avait rongé le doigt.

— Il parait que c’est arrivé en manipulant du radium lorsqu’il était étudiant à Paris,

dans le laboratoire de Pierre et Marie Curie… C’est un grand savant, un des premiers experts

du radium. Il a travaillé sous l’autorité des meilleurs scientifiques.

— Mais pourquoi a-t-il dit que j’allais tomber malade ?

— Ne t’inquiète pas, la rassura Kathy. Nous avons toutes demandé si c’était

dangereux lorsque nous avons commencé. Et on nous a affirmé que non. Bien sûr, dans les

laboratoires, pour leurs expériences, ils portent des tabliers en zinc et des pinces en ivoire,

mais nous, nous peignons avec des quantités infimes de radium et ça, c’est bon pour la

santé ! Tout le monde le dit.

— Et encore, dans les labos, ils ne mettent même pas leurs protections, précisa

Quinta. Il parait qu’on a vu Willis, tenir des éprouvettes à mains nues, et von Sochocky

plonger son bras jusqu’au coude dans des solutions au radium !

Grace reprit son travail, pensive. Le radium était si mystérieux… En bien ou en mal,

il ne semblait pas avoir révélé tous ses secrets. Son attention fut soudain distraite par

l’attitude étrange de sa voisine. Kathy Schaub était en train de plier un minuscule papier sur

lequel elle venait d’écrire quelques mots en pattes de mouches. Elle le glissa ensuite dans le

boitier avant de réaliser que sa camarade l’observait. Elle sourit et chuchota :

— C’est mon nom et mon adresse. De temps à autre, je les insère dans une montre.

Peut-être que le soldat qui tombera dessus me contactera ! Je te l’accorde, ce n’est pas très

utile, mais ça m’amuse. Et qui sait si cette montre ne m’amènera pas le prince charmant ? Le

destin… tout ça… on ne sait jamais ! ajouta-t-elle d’un air inspiré.

Soudain, une sonnerie retentit.

— Aah ! Je meurs de faim ! s’écria Quinta.

Presque aussitôt, toutes posèrent leurs pinceaux et sortirent de leurs sacs des

gamelles pour leur repas, qu’elles installèrent directement sur leur table. Seules Mollie et

Eleanor Eckert continuèrent à peindre, dans une sorte de compétition joyeuse.

— Mollie, arrête. C’est le moment de déjeuner !

— Non, je veux battre Edna ! Elle a fait six cadrans de plus que moi hier…

Une jolie blonde aux cheveux frisés et au sourire éblouissant éclata de rire :


— Et je te battrai encore aujourd’hui !

Et toutes deux d’augmenter la cadence du Lip, dip, paint… ! Les autres sœurs

Maggia haussèrent les épaules et ouvrirent leur gamelle.

— On mange ici ? s’étonna Grace.

— Oui, comme ça on ne perd pas de temps, expliqua Kathy en déballant un

sandwich.

— Miss Rooney veut bien…, ajouta Mollie avant de poursuivre en imitant l’air calme

et autoritaire de Miss Rooney : Tant qu’on ne met pas de taches de gras sur les montres !

Toutes les filles éclatèrent de rire. Grace se dit qu’elle avait décroché le jackpot : un

travail rémunérateur, en joyeuse compagnie, et somme toute agréable. N’était cette

technique d’effilage à la bouche, un peu dérangeante… Mais elle se persuada qu’elle s’y

habituerait vite… Pourtant, la voix du Dr von Sochocky continuait de résonner dans sa tête.

« Vous allez être malade… » Qu’avait-il voulu dire exactement ?


Radium Girls T.1 L’Affaire des cinq condamnées à mort. Anne-Sophie Nédélec

Quelques années plus tard, les Radium Girls développent d’étranges et effrayantes maladies... Les médecins n’y comprennent rien et les firmes nient farouchement toute responsabilité. Entre enquête, mensonges et tâtonnements scientifiques, une invraisemblable bataille judiciaire commence...



Les livres d'Anne-Sophie Nedelec sont en vente aux États-Unis sur Rencontre des Auteurs Francophones :


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