top of page
Rechercher

Seuls les mots peuvent transcender les maux de l’existence - Marie Claire Bauceré Dehaene

L’écriture, les mots, l’oubli, ma thérapie.


Au départ, l’écriture a été pour moi une réelle thérapie. Rendre le passé et le présent modifiable grâce à l’écriture, aller loin, encore plus loin, toujours plus loin, a été exaltant et m’a rendue très heureuse. Revenir dans le passé, faire face à ce passé si douloureux, par la force de l’imaginaire, le retrouver dans les pages d’un livre fut une chance et une joie.

Difficile de dévoiler mes problématiques, mes insuffisances, mes excès, mes fautes, mes erreurs, et surtout difficile de pardonner les aspects sombres, parfois taciturnes de ma personnalité. Je ne me suis jamais forcée à aimer. J’ai trouvé les mots pour transcender les maux de l’existence. N'ayant pas souvent eu l'occasion de dire ce que je ressentais, écrire est devenu pour moi la seule issue qui me reste pour délivrer mes mots trop enfouis pendant trop longtemps.

L’écriture, c’est révéler quelque chose de soi que l’on n’aurait pas osé exprimer autrement. On parle pour tisser un lien et l’on écrit pour donner forme à un monde incertain, pour sortir de la brume en éclairant un coin de notre monde mental. Il y avait mes antécédents familiaux, la honte de moi, les dommages subis à cause de mes parents et de mon grand-père maternel. Paradoxalement, j’ai su faire preuve d’une certaine aisance et d’une véritable capacité à rencontrer les autres. Partout où je suis allée, où j’ai séjourné, j’ai toujours trouvé des personnes avec qui parler, lire, écrire, rêver. Car s’y attachent tant de frustrations non dépassées, de ressentiments liés à une enfance et à une adolescence sabotées et aussi à une vie de femme peu épanouie. Nous sommes si souvent confrontés à un destin contraire et cruel, et nos désirs, besoins, et volontés se heurtent ainsi à ce qui tient de l’impossible.

Des souvenirs vivaces et précis, des sensations d’enfance sommeillaient en moi, mais dans une sorte de brouillard, de confusion. Je voulais mieux les voir, car de cette période, on n’en parlait jamais dans la famille. C’est aussi pour cela que je me suis lancée dans l’écriture. Lorsque j’ai commencé mon livre en 2003, je ne savais pas très bien où je voulais aller, l’histoire s’est construite peu à peu au fil de la plume. Mon but premier était de laisser une trace en famille, pour les enfants et les petits enfants. C’était comme un cri naissant, un cri qui aurait assez de force, assez de souffle pour hurler à l’infini

Contrainte de renoncer à mes rêves. Ces rêves qui avaient occupé toute mon enfance. Je ne voyais plus aucun sens à ma vie. Je raconte cette sensation de vide absolu dans « mon combat vers la lumière ». Dans ce premier roman, je narre la manière, dont peu à peu, j’ai pu trouver une autre place dans ce monde. J’aime les phrases bien construites, les mots, le vocabulaire, un mot suffit à recréer une odeur, une saveur, un souvenir, une aquarelle, une couleur à ce jour passée, la couleur des heures vécues, la couleur du bonheur, un mot qui bondit et rebondit, un mot qui pleure, un mot qui hurle, un mot qui saigne, un mot léger comme une note de musique, un mot qui se colore, un mot qui gonfle et qui éclate comme une bulle et dévoile des univers, des secrets.

Avec l’écriture, cette sensation de vide a disparu, j’ai compris avoir fait le bon choix. Paradoxalement, on a parfois besoin de ces moments de grande détresse pour trouver du sens à la vie. La suite n’est évidemment pas parfaite, le doute revient souvent. On a le sentiment de tout porter sur ses épaules et de n’être attaché à rien. De ne plus savoir où l’on est, qui l’on est.

Quand j’écris, je quitte la médiocrité du monde pour m’évader dans la vie de mes personnages imaginaires et je reste ouverte à leurs suggestions. Tous n’ont pas la même armure. Écrire est pour moi un engagement total, une manière de vivre, une drogue, un plaisir, un antistress, l’écriture m’offre le voyage, la liberté. C’est souvent le soir, lorsque je travaille, que l’inspiration arrive. J’aime cette discipline, cette exigence, cette obstination. Je cherche toujours à me surprendre en me racontant à moi-même l’histoire au fil des mots, j’aime cette idée de me lancer sans connaître le fin mot de l’intrigue. Écrire, c’est découvrir le pouvoir de s’inventer soi-même et d’inventer le monde. Écrire est un pouvoir réparateur pour aller de l’avant, ce qui aide aussi, c’est de croiser la route de personnes qui vous guident par la confiance qu’elles vous donnent.

Me relier aux autres, à ma famille, à la nature, aux animaux, à mes chiens, à mes chats, mes poneys, à la mer, au grand air, à l’horizon et écrire : c’est sans doute pour moi, le meilleur moyen d’avancer, de m’épanouir et de regagner en vitalité. Aujourd’hui, j’ai cette volonté d’exister par moi-même, malgré ma santé devenue fragile, j’ai lutté pour laisser une trace. Écrire un roman autobiographique, c’est écrire le vivant. Dans ce livre, je reste fidèle à la vérité historique et sociologique de mes personnages. Avec l’écriture, les protagonistes revivent, s’éloignent, s’évanouissent, mais ne disparaissent pas complètement. Ma plume trace les mots, je les repeins à ma façon. J’ai reconstruit, petit à petit, le puzzle.

C’est à moi que je dois penser maintenant : mes objectifs de vie, ce qui est bon pour moi. Ce sera la vie que j’aurai voulu vivre pour ne pas éprouver, le moment venu, le regret de la quitter.

« L’écriture est la peinture de la voix ». disait l’illustre Voltaire

L’oubli

L’oubli, un bien être salvateur qui guérit les maux du cœur,

L’écriture, un refuge qui apaise et immortalise les douleurs,

Comme un souffle sur la braise qui calme les ardeurs,

L’oubli mon sauveur, mes souvenirs enfouis au fond d’un puits,

Tout s’efface et ne laisse aucune trace,

Il faut avoir connu l’oubli pour se refaire une vie.

Marie-Claire Bauceré Dehaene


Découvrez les romans de Marie Claire Bauceré Dehaene



207 vues0 commentaire
bottom of page