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Travail versus oisiveté, redonner du sens aux mots

Dernière mise à jour : 2 nov. 2021

Redonnez du sens aux mots peut être un exercice très intéressant, parfois périlleux. Au cours du temps, certains mots ont perdu leur sens profond, leur force et du coup génère de la confusion dans les esprits. L’ère de la dictature « communication », avec ces outils de programmation neuro-linguistique, crée encore plus de confusion.


Afin de développer mon propos, je vous propose un petit exercice à travers cette phrase tirée d’un ouvrage de Chico Xavier :


Consacrez votre temps libre à un travail utile, mais n’oubliez pas le repos indispensable pour renouveler vos forces. C’est dans l’oisiveté que les idées négatives nous parviennent.


En lisant cette phrase, nous pourrions être amenés à nous poser les questions suivantes : Que veut dire consacrer son temps libre à un travail utile ? Que veut dire utile ? Pourquoi être dans l’utilitarisme ? Pourquoi être toujours utile ? Pourquoi l’oisiveté serait la source de pensées négatives ?


En fait, le travail ici présenté est le travail de progrès moral et non le travail/métier. En tant qu'être spirituel vivant une expérience humaine nous sommes ici pour étudier, avancer, progresser en toute conscience. Le travail ici est le travail de la réflexion, de la pensée et ce travail là est utile car il est le fondement de notre réincarnation mais aussi de la Vie.


Un premier exemple : plutôt que de passer son temps à critiquer son voisin, il est plus utile à son évolution d'étudier la communication bienveillante. Passer son temps à critiquer son voisin est une action oisive. Etudier la communication bienveillante est un travail utile.


Le terme utile utilisé ici peut donc être déroutant pour certains.


Quant à l’oisiveté, si elle peut paraître essentielle à l’équilibre de certains dans ce monde moderne où tout va si vite, elle peut être perçue comme négative pour d’autres. Ils peuvent même y voire une empreinte de morale religieuse.


Rappelons la définition de l'oisiveté : état d'esprit d'une personne oisive, c'est-à-dire qui ne fait rien pour s'occuper durant la journée. Situation dans laquelle une personne se complaît dans la paresse.

Étymologie du mot oisiveté : du latin vitiosus, lui-même dérivé de vitium, signifiant le vice.


Cet approfondissement est intéressant parce qu’il est important de ne pas confondre oisiveté et contemplation. Grâce à la contemplation nous pouvons observer, méditer, faire silence. 3 actions qui sont importantes à notre équilibre.


Nous sommes sans cesse sollicités par les informations, les réseaux sociaux. Ne rien faire et ne rien chercher à faire, trainer, … peut vite devenir salutaire. Ça fait du bien et cela permet même de reprendre son souffle, de se recentrer. Seulement ce n’est pas de l’oisiveté.


Selon l’étymologie, derrière l'oisiveté il y a la notion de vice.


Ralentir, se recentrer, se calmer semble ne rien à voir avec l'oisiveté. Le fait de se poser nous amène-t-il à boire, nous droguer, négliger notre conjoint, nos enfants, etc... ? Oublions-nous dans ce que certains pensent être de l’oisiveté nos obligations, nos devoirs ?


L’oisiveté est source de pensées sans fondements, d’idées farfelues. Nous en avons tous fait l’expérience, il nous est à tous arrivé de se dire : mais d’où me viennent ces pensées ? Et l’on prend conscience que tout et rien nous passent par l’esprit si nous ne le maîtrisons pas. En revanche, la contemplation, la méditation sont des actions utiles qui permettent de canaliser les pensées, de créer, prendre conscience, sont des actions utiles à notre progrès spirituel.


J'ai moi-même une réflexion toute romantique sur la paresse. Je n’y échappe pas à cette confusion des mots. J’aime faire la différence entre la paresse et la fainéantise. Pour moi, la paresse ne peut s'exprimer que dans le beau, l'harmonie. Rien de plus fatiguant pour la paresse que de voir du désordre, de la saleté, trop dérangeant. La fainéantise se complet dans le désordre, la saleté, le manque d'harmonie. J'identifie la paresse à un très beau canapé, confortable dans lequel on peut aisément s'asseoir et se relever ; la fainéantise à un de ses gros poufs remplis de polystyrène dans lequel on est obligé de s'affaler pour pouvoir s'asseoir et prendre des postures inélégantes voire humiliantes pour se relever.


C’est là que l’on prend conscience que l'interprétation peut être différente d'une personne à une autre et c’est là que l'approfondissement, la compréhension d’un mot permet de lever les doutes. C'est pour cela que rappeler, ici, la définition de l'oisiveté est primordiale.


Revenons justement à l’oisiveté et son empreinte morale religieuse, puisque l’oisiveté fait partie des péchés capitaux.


Voltaire disait « L’oisiveté est mère de tous les vices ».


Rappelons-nous que l’étymologie du mot oisiveté est vice. Ceci explique cela.


Maintenant, nous pourrions partir du principe que le français est une langue vivante, que donc la définition du mot oisiveté pourrait évoluer. Et pourtant…


La première fois que j’ai utilisé le mot « mec » devant mon grand-père, il m’a expliqué que « mec » venait de l’argot « mac » et signifiait proxénète. Du haut de mes 11 ans, j’avais argué que peut-être à son époque c’était cette définition mais qu’aujourd’hui un « mec » désignait un type, un homme, un monsieur. Mon grand-père m’avait alors dit que je le veuille ou non l’origine du mot « mec » était un mot argotique qui désignait un proxénète. Je l’avais trouvé « vieux jeu ». Aujourd’hui, je suis obligée d’admettre que, même si le langage parlé évolue, il n’est pas possible de revenir sur l’étymologie des mots, leur source, leur sens premier. Être consciente de cela m’amène à vivre de façon plus consciente.


Je ne suis pas oisive lorsque je médite, contemple, me repose, fait silence, sort de toutes les obligations que je me donne et m’impose. Je suis méditative, contemplative, créative, silencieuse, calme. Je n’oublie pas que l’oisiveté s’accompagne de vices. Je n’oublie pas que la méditation, la contemplation, le silence me permettent d’effectuer un travail utile, de créer.


Il est vrai que les religions ont repris cette vérité - l’oisiveté est mère de tous les vices - et s’en sont servies pour assujettir, mais ça c’était avant. Les messages des Grands Maîtres ont été repris par les religions. Aujourd’hui, les connaissances acquises nous permettent de faire preuve de discernement entre le sentiment religieux et les religions, les messages des Grands Maîtres et la comm’ des religions.


Entrer dans la polémique que les religions ont utilisé certains mots, certaines vérités et que donc en réaction, en opposition je ne veux pas ou plus les utiliser, ou que je décide de leur donner un autre sens nourrit la position des religions.


En revanche, aujourd’hui, redonner du sens aux mots, les remettre dans leur contexte m’ont permis un travail utile dans le développement de mon discernement, ce qui me permet de vivre plus simplement, en toute conscience. Et permet de remettre les religions à leur place, de leur enlever le pouvoir des mots.


Ce qui m’amène de plus en plus à la réflexion que si nous redonnons du pouvoir aux mots, la spiritualité aura plus d’influence que les religions, elle pourra s’exprimer plus librement et pourra être comprise par le plus grand nombre.


La dictature des mots imposée par les religions est bien réelle. Notre discernement, notre réappropriation du langage dans l’accompagnement des êtres humains permettra d’en finir avec cette dictature, il me semble.


Le livre témoignage de Claudia Rizet-Blancher est en exclusivité aux USA sur Rencontre des Auteurs Francophones


Retrouvez son interview en direct de Nouméa :



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