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Irradié… à jamais ! À Jacques Higelin

Dernière mise à jour : 30 janv. 2023

Je ne savais pas que c’était la dernière fois que j’allais être irradié de ton énergie démesurée. Ce 26 novembre 2013, il y a neuf ans déjà. Ce concert au Zénith sera notre dernier délire, annonciateur de l’album suivant avec des musiciens en fusion et ta fille, ô combien « Si touchante ». J’entends encore sa voix….

« Je suis du village l’idiot et j’entends les rumeurs de la villeuuuu ! »

Un cri déchire le rideau, jusque-là invisible, qui venait de tomber sur la scène.

Izia.

La bouille de son père, la banane et la voix en canons, la môme Izia klaxonne…

24-9-90, sa p’tite gonzesse qui a vu le jour et qui réapparait là, à nouveau dans la nuit, avec ce même cœur dans la gorge, cette même rage en dedans du père… l’irradié, le sage, le fou, le débile.

« Je suis du village l’idiot et j’entends les rumeurs de la villeuuuu ! »

Hou ! Tout le Zénith frissonne. Le père s’émeut visiblement. Embrassades, étreinte physique autant que musicale. Ils s’aiment assurément.

Un final d’anthologie, plus d’une demi-heure d’irradiation qui a contaminé toute la scène jusqu’au public transporté depuis deux heures dans cet immuable aéroplane blindé qu’est un concert de Jacques Higelin, pour un voyage extraordinaire au bout de la nuit.

Tout a commencé vers 20h30, ce mardi, quand l’artiste à son Zénith, avec un dernier album aussi beau qu’abouti, Beau Repaire, a fait son entrée dans un délire d’alarme où, de ce monde à la dérive, barré comme un bateau ivre, il se fait d’un soir commandant de bord.

Et il faut le voir sur sa guitare nous emmener de Paris à New York, dans un aller-retour fulgurant et vivifiant, nous extirpant de notre torpeur, de cette asphyxie ambiante avec une énergie en trois syllabes qui fait écho jusque dans nos cœurs.

Un retour arrière à ses débuts sous le groove d’un Mona Lisa Klaxon ou d’un Œsophage Boogie, cardiac’blues au son de cuivres endiablés et surtout de la basse retrouvée du vieux pote, Eric Serra.


Ca déménage, on est scotché, Jacquot en reste muet d’émotion.


Et la nuit promet d’être belle car voici qu’au fond du ciel apparaît là, une Rousse au chocolat. On s’en délecte. De la gare de Nantes à celle d’Angoulême, tout s’enchaîne. Comme ce duo d’anges heureux formé avec une Sandrine Bonnaire, femme fatale d’un soir, saisie d’une sainte frousse que tout le commun des mortels croit voir à ses trousses. Troublante et troublée, déraillant parfois, elle rattrape le train de sa voix tremblante étranglée dans un moment de partage et de grâce intenses.


La vie n’est pas faite de hasard, nous confie-t-il, mais de belles rencontres comme celle-ci.

On veut bien le croire. Et puis vient cet instant magique, cette communion ultime avec tous, le public, ses musiciens, mais avec elle avant tout.

Trombone, sax et trompette, ouvrez-lui le passage… Et vous magicien pervers, faites entrer vos instruments de ménage… Prévenez de ma part mes amis nécrophages que ce soir ils sont priés de rester dans leurs marécages.

Voici mon message : cauchemars, fantômes et squelettes, vous pouvez ranger vos idées noires, près de la mare aux oubliettes, tenue du suaire au placard !


Irradié, voyageur immobile, Irradié, je suis le sage, le fou, le débile

Et Izia fera le reste… inoubliable !


Mais déjà le ciel blanchit. Jacquot, on te remercie de nous avoir si bien reçus.


Toi, l’ami qui soigne et guérit la folie qui nous accompagne et jamais ne nous a trahi.

Merci pour tout, Jacquot… pour tes mots, ta musique et tous ces moments privilégiés, pour ce que tu es et restera pour moi, à jamais… une inspiration éternelle.

Ciao l’artiste !

Si vous aimez l’esprit du chanteur, alors vous aurez plaisir à le retrouver dans mon dernier recueil « Matière à tuer le Temps » qui lui rend hommage dans une dernière inspiration.


crédit photo Arthur H

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