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LE VOISIN DU 7. UNE NOUVELLE SIGNÉE MARIEM RAÏSS

L'auteure franco-marocaine nous offre une des SEPT nouvelles, qui viennent de paraitre aux éditions SEPT...Pour s'offrir une jolie pause sensuelle à quelques heures du week-end.


Freedom is mine,

and I know how I feel.

Nina Simone

2007


Il est 7 heures du matin et je marche tout étourdie dans le froid de cet automne presque hivernal. J’ai un avion à attraper et je ne sais pas si je vais y arriver. Tout est confus. Être mère. Être écrivain. Être quoi ? Je m’arrête pour traverser la route. Il est là devant, se retourne vers moi et plonge sa bouche organique dans mes yeux endormis. Surprise, je me retourne pour voir s’il s’agit bien de moi à qui ce sourire disponible et libre est décoché. Il sourit encore plus de ma naïveté matinale. Dans son Lévis mode, je crois reconnaître le voisin du 7. Comme un coup de jus qui m’électrise, je sens le désir qui monte en moi. Je ne m’y attendais pas. Il m’inspire immédiatement le sexe. Décomplexé et impudique. Je traverse. L’envie au ventre et le sourire au coin des yeux. Je me sens réchauffée et bien vivante. La culpabilité veut pointer le bout de son nez. Je la repousse. Être femme. Être moi. Être quoi ?


2007, un an et quelques plus tard


C’est dimanche, je suis au radar. En survêt, la tignasse en bataille. J’attends l’ascenseur pour descendre les poubelles. La corvée impossible à négocier entre moi et moi. La porte s’ouvre. Je marmonne un "bonjour" lisse et sans saveur. Le voisin du 7 est là. Il embrasse à pleine bouche sa nana, toute parfaite et à la mode, et plante ses yeux verts framboise sur ma gorge. Effronté et libertin. Ahurie et fascinée, je vibre instantanément la réaction chimique à son regard inéquivoque. J’ai envie de lui. La porte de l’ascenseur s’ouvre enfin. Nous sortons. Je n’en peux plus. En passant, il m’effleure. Elle ne se rend compte de rien. Être maîtresse. Être fidèle. Être quoi?


2007, trois ans et quelques plus tard


21 h, j’arrive du boulot épuisée et chargée de sacs de courses. Je retiens la porte de l’ascenseur, quelqu’un arrive. Il entre. Le voisin du 7. Il me sourit, décontracté et sans détour. Tout est charnel dans cet espace réduit. Son parfum, ma robe verte, notre attirance inconvenante. La porte s’ouvre à mon étage. Je passe tout près de lui, et je respire son souffle alors qu’il prononce un "bonsoir" appétissant. Je sais qu’il va me suivre. Je rentre chez moi, remuante d’excitation. Ma poitrine flotte sous ma robe et va déchirer mon décolleté. On frappe à la porte. J’ouvre. Il est là, certain de répondre à ce que l’on s’est dit quelques années plus tôt. Je fais un pas en arrière pour qu’il entre. La porte se referme et il m’aspire la bouche en décachetant ma robe. Contre le mur, les courses en guirlandes autour de nous, il me questionne de ses mains de rappeur érudit et vulgaire. Par toute la peau. De mes jambes nues, je m’accroche à sa taille fine en buvant son haleine à la fraise. Tout est synchronisé, fluide, facile. Je déboutonne sa chemise stylée, pendant qu’il m’allonge sur le tapis tressé des couleurs du soleil. Le tic-tac effréné de ma vulve remonte jusqu’à mon cœur. Son cou dégage un parfum Bleu épicé. Ses caresses se hâtent, et je découvre enfin son sexe. Jeune, insolent, dur. Il le rentre agilement en moi. Pur délice. Les va-et-vient unissent nos rythmes cardiaques d’une lumière orange vibrante. Il monte quatre à quatre, je le rattrape, ravie et légère. Transportés au sept, nous jouissons ensemble. Aucune timidité. Spontanés et vivants.

2007 et un orgasme plus tard


- Au fait, vous vous appelez comment ?

- Violette.

- C’est un prénom libre, comme vous.


Le recueil de nouvelles de Mariem est disponible aux USA sur

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